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0839507/12/1973POITIERS

UNE IMPORTANTE MANIFESTATION A MARQUÉ LA JOURNÉE DE GRÈVE « CONTRE LA VIE CHÈRE »

La grève générale de 24 heures organisée hier par les syndicats et les partis de gauche a été marquée par des manifestations dans la plupart des villes de la Vienne.

A Poitiers, le cortège qui a parcouru les rues était étoffé. De près de 2.500 à plus de 3.500 selon les observateurs.

En tout cas, il y avait longtemps qu’une manifestation de ce style n’avait mobilisé une telle foule à Poitiers. D’autant qu’il ne s’agissait pas d’un rassemblement départemental, mais d’une manifestation somme toute locale. Les manifestants ont défilé en bon ordre, en brandissant des banderoles et en scandant des slogans sur le thème de cette journée, c’est-à-dire « contre la vie chère ».

Le seul dispositif policier mis en place consistait en une escouade de gardiens de la paix chargée de dévier la circulation au passage du cortège et en quelques observateurs. Il n’y a eu aucun incident et la dispersion des manifestants devant la préfecture, s’est effectuée au premier appel de leurs dirigeants.

Pancartes et banderoles

Les manifestants se sont rassemblés à 10 h. 30, Promenade des Cours. Avec banderoles et pancartes, le cortège s’est formé derrière les leaders départementaux de la CGT, de la FEN, du Parti communiste et du Parti socialiste (représenté par M. Santrot, conseiller général). On reconnaissait les banderoles des organisations et de leurs sections ayant appelé à la manifestation : CGT, CFDT, FEN, Parti communiste, Parti socialiste, PSU, UNEF, Association syndicale des familles, AGEP, Mutilés, Confédération nationale des locataires et MODEF, SNI. Mais on remarquait aussi la présence d’un groupe marchant derrière une banderole de « Rouge », l’organe de l’ex Ligue communiste (dissoute), ainsi que quelques drapeaux rouges.

Longue marche et slogans

Les manifestants ont emprunté un long itinéraire pour gagner la place de la Préfecture : bd Anatole-France, rue Jean-Jaurès, rue Saint-Fortunat, Grand’Rue, place Charles-de-Gaulle, rue Gambetta, place Leclerc, rue Magenta, rue Carnot et rue Victor-Hugo.

Lancés par mégaphone, les slogans revendicatifs étaient repris par les manifestants : « Halte à la vie chère » ; « Union populaire contre la vie chère » ; « Tous unis contre la hausse des prix » ; « Le programme commun contre la vie chère » ; etc.

Dans la partie du cortège composée par le PSU, la CFDT, l’AGEP - UNEF et « Rouge » celle où l’on voyait des drapeaux rouges, d’autres slogans ont retenti : « Une seule solution, travailleurs contre patrons » ; « Des crédits pour l’école, pas pour les nécropoles ».

« Non aux restrictions »

Devant la Préfecture, dont les grilles fermées ont momentanément servi de hampes aux banderoles des manifestants rassemblés, M. Jallais, l’un des leaders départementaux de la CGT a pris la parole.

Dans son intervention – dont la motion que nous publions constitue une synthèse – il a noté que « la durée du travail en France est la plus élevée d’Europe ». Il a parlé du coût des loyers et de la pollution, après avoir traité du thème majeur, la vie chère. Il a affirmé que l’actuelle pénurie d’énergie provient du fait qu’aucune solution de remplacement n’avait été prévue : « La responsabilité en incombe à l’État eu au CNPF ». Il a dit que « les travailleurs n’accepteront pas l’austérité, le chômage ou les restrictions ». Enfin il a appelé à poursuivre l’action, sous les applaudissements de la foule des manifestants.

La motion

Voici le texte de la motion remise par une délégation reçue à la Préfecture :
- La poussée inflationniste s’aggrave.
- La hausse des prix s’accélère, notamment sur les produits alimentaires.
- Le pouvoir d’achat des salariés se détériore.

Cette politique économique entièrement au service des possédants et soumis aux exigences des monopoles, tourne le dos aux intérêts de la nation laborieuse et frappe dans ses effets en premier lieu les salariés.

Le gouvernement avoue une nouvelle série de hausses et parle d’avancer la date du paiement du premier tiers des impôts. Ceyrac, dirigeant du CNPF, annonce le blocage des salaires pour 1974.

Le capital se remplit les poches, organise la pénurie en même temps brandit les menaces et encourage aux sacrifices.

La classe ouvrière la plus touchée par cette politique est la victime désignée du gouvernement et du CNPF.

Aujourd’hui, 6 décembre 1973, à l’appel de la CGT, de la CFDT, de la FEN, des partis politiques PCF, PS, PSU et des organisations UNEF, ASF, AGEP, Mutilés, CNL, MODEF, les travailleurs et leurs familles
- S’opposent à toute tentative de blocage des salaires ;
- Exigent : la garantie du maintien et de la progression du pouvoir d’achat des salaires, retraites et pensions, mesures particulières pour les catégories aux revenus les plus modestes ;
- Le blocage immédiat des tarifs publics, loyers, charges et temporairement des produits de première nécessité.
- La réduction de la TVA sur les produits de large consommation ;
- Le contrôle par les représentants des travailleurs des profits réels des entreprises ;
- L’accès des élus et des représentants des travailleurs et des consommateurs à l’information sur les procédures de réglementation et de contrôle des prix et de la qualité des produits ;
- La lutte contre les spéculations foncières et mobilières et la fraude fiscale.

La participation à la grève

Hier après-midi, à partir de diverses sources administratives, on pouvait établir un pourcentage de participation à la grève dans les différents secteurs d’activité. Mais il s’agit de chiffres globaux pour l’ensemble du département et il est évident que les pourcentages indiqués sont nettement inférieurs à ceux enregistrés dans les grands centres.

A la SNCF (où le mouvement avait débuté mercredi dans certains services), plus de 55 pour 100 de grévistes ; PTT, 30 pour 100 ; Finances (Douanes, Impôts, Trésorerie générale), 45 pour 100 ; EDF-GDF, 80 %; Personnels hospitaliers, 40 % ; Employés communaux, 30 % ; Équipement,15 % ; Enseignement primaire, 75 % ; Enseignement secondaire, 60 pour cent ; Enseignement supérieur, 70 pour cent ; Sécurité sociale, 5 pour 100 ; Métallurgie, 45 pour 100 ; Imprimerie, 35 pour cent ; Chimie, 30 pour 100 ; Bois, 60 pour 100 ; etc.

« Menaces de sanctions »

D’autre part, en fin d’après-midi, le syndicat CGT des PTT de la Vienne rédigeait un communiqué relatif à des « menaces de sanctions » émanant d’un cadre supérieur de l’administration :

« Le syndicat CGT des PTT de la Vienne proteste énergiquement contre les menaces de sanctions proférées (…) à l’encontre d’un receveur qui s’est déclaré gréviste. Soucieux d’assurer la continuité du service public que sont les PTT, ce receveur a assuré la sécurité de son bureau et a acheminé le trafic urgent.

« C’est donc bien une atteinte à la liberté du droit de grève avec menace de sanction contre un agent que vient de prendre l’administration.

« Le ministre des PTT, qui vient lundi à Poitiers, saura que notre syndicat proteste énergiquement contre cette sanction et qu’il exige la levée immédiate de toute menace ou sanction. Nous l’informerons également du mouvement de solidarité qui soutient notre camarade »

 

 

le 11/01/2023 à 13:01

Source : Centre Presse

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