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0848627/03/1974POITIERS

RIEN NE VA PLUS À LA SAFT-LECLANCHÉ

Depuis le 14 mars, une partie du personnel de la SAFT-Leclanché à Poitiers est en grève. Celle-ci s’est manifestée durant 11 jours par des débrayages de durée limitée (n’excédant généralement pas 1 h. 30), observés quotidiennement par chacune des trois équipes. Le mouvement est mené conjointement par trois syndicats : CGT, CFDT et CFTC.

Rappelons brièvement les revendications principales du personnel en grève qui demande :
- une augmentation 120 F. de tous les salaires, jusqu’au coefficient 340.
- de meilleures conditions de travail.
- l’incorporation des primes dans les taxes de base.
- 1 heure par mois d’information syndicale payée.

Faisant suite à plusieurs entrevues entre la direction locale et les représentants syndicaux, une tentative de négociation a eu lieu hier matin, en présence de MM. Vincent, directeur-adjoint de la SAFT-Leclanché, et Jolly, directeur de la production et chef de l’établissement de Poitiers. A l’issue de cette nouvelle entrevue, la direction a diffusé dans l’usine une circulaire faisant part de ses ultimes propositions :
- Augmentation de 4,2 % des taux de base des ouvriers et collaborateurs, avec minimum de 75 F par mois pour tous, pour 187 heures.
- Augmentation de 16 % de la prime d’équipe, qui passe de 4,38 F à 5,08 F par jour. Par contre, les primes de poste restent inchangées.
- Augmentation de 20 % de l’indemnité de transport.
- Augmentation de 3 % à 5 % de la prime fixe des ouvriers rémunérés au temps.

« Une faible minorité »

Ces propositions étaient accompagnées d’un commentaire de la direction, disant notamment : « Il est regrettable qu’une faible minorité se soit laissée entraîner à perturber la production, alors que la direction mettait au point, comme elle s’était engagée à le faire, les dispositions à intervenir à partir d’avril ».

Suite à ces propositions, jugées insatisfaisantes par les trois sections syndicales, et pour protester contre le qualificatif de « faible minorité » employé dans la circulaire, le mouvement s’est brusquement durci hier, et a pris, dans l’après-midi une ampleur qu’il n’avait pas atteinte les jours précédents. L’équipe de service l’après-midi a cessé le travail peu après 14 h. Le pourcentage de grévistes, en ce qui concerne l’équipe de l’après-midi, aurait atteint 85 % (425 ouvriers sur 500) selon les représentants syndicaux..., 24 % seulement selon la direction.

Les grévistes ont organisé un défilé dans tous les secteurs de l’usine, invitant tous les employés à un rassemblement, de consultation à 15 h. au réfectoire. C’est au cours de celui-ci que, jugeant les nouvelles propositions directoriales inacceptables, les grévistes se sont prononcés pour la poursuite d’un mouvement de grève aujourd’hui et les jours suivants si besoin, de la même façon que précédemment : à savoir par des débrayages impromptus au cours du service, par chacune des équipes.

A 16 h. hier, après un arrêt d’environ 1 h. 45, tous les grévistes avaient regagné leur poste de travail. Mais dès aujourd’hui il faut donc s’attendre à de nouveaux débrayages.

La direction : « Nos propositions nous paraissent réalistes »

M. Vincent, directeur-adjoint de la SAFT-Leclanché, a bien voulu, en présence de MM. Jolly, chef de l’établissement de Poitiers, Geisler, responsable des services administratifs, et Morel chef du personnel, nous préciser la position de la direction dans cette affaire :

« Sur 850 personnes, y compris le personnel administratif, 200 ont cessé le travail, soit 24 % aujourd’hui. Les mouvements des jours précédents n’ont pas affecté plus de 10 à 12 % du personnel, c’est ce que j’appelle une minorité.

D’autre part, les propositions que nous avons faites ce matin nous paraissent parfaitement réalistes. Nous nous opposons au principe qui consisterait à accorder 120 F. d’augmentation, principe qui amènerait un certain nivellement que nous jugeons amoral. Nous n’admettons pas que les salaires soient nivelés ; il doit exister une différence de rémunération selon l’emploi et la compétence de chacun. Par contre, nous voulons bien faire un bout de chemin avec les employés dans le sens de leurs revendications : les 4,2 % que nous proposons sont peut-être insuffisants pour les plus bas salaires, et c’est pourquoi nous avons pensé assortir cette augmentation d’un minimum de 75 F. pour tous. Nous n’irons pas plus loin que ce qui a été proposé ce matin ».

Les syndicats : « une entrave à la liberté syndicale »

Dans un communiqué qu’ils nous ont remis à l’issue de leur manifestation d’hier après-midi, les trois syndicats (CGT, CFDT et CFTC) protestent en ces termes :

« Devant l’information diffusée par la direction suite à la réunion avec les délégués du personnel et syndicaux, les organisations syndicales protestent vigoureusement contre les moyens employés par la direction.

La direction jugeant qu’une faible minorité se soit laissée entraîner à perturber la production, les organisations syndicales jugent que la direction porte ici une entrave aux libertés syndicales et au droit de grève.

Devant cette situation, les ouvriers et ouvrières, ainsi qu’un bon nombre de techniciens et employés ont montré en débrayant massivement que la direction s’est trompée sur la volonté de tout le personnel pour faire aboutir ses revendications ».

Signé : les syndicats CGT, CFDT, CFTC.

Photo : Les grévistes à l’issue de leur rassemblement

 

 

 

 

 

 

le 23/01/2023 à 17:37

Source : Centre Presse

grève, pile, négociations, direction

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