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L’offre est plus faible qu’il y a un an et la demande plus élevée – Inquiétant : les moins de 30 ans et les plus de 50 ans principaux demandeurs – l’avenir est incertain

En cette période de rentrée, comment se présente la situation de l’emploi ? Telle est la question que nous avons posée hier à différents niveaux aux responsables de ce secteur clé de notre économie.

Une première constatation se dégage, c’est la conformité des réponses, qu’elles nous soient parvenues de l’administration des syndicats patronaux ou des syndicats de salariés.

On peut la résumer ainsi : la situation n’est pas à l’optimisme sans être très mauvaise. Le nombre des demandeurs d’emploi est plus élevé en ce moment qu’il y a un an et l’offre est plus faible. Pourtant, mille offres ont été déposées courant septembre à l’Agence nationale pour l’emploi, ce qui est très peu inférieur à la moyenne. Par contre, les demandes émanent de deux tranches d’âge bien définies, les moins de trente ans et les plus de cinquante, ce qui est inquiétant. Les premiers sont bien souvent à la recherche d’un emploi de début, les seconds ont perdu leur situation et il sera difficile de les reclasser dans le contexte actuel.

Secteur par secteur, on peut dire que la métallurgie n’a pas encore de très gros problèmes sinon un ralentissement inquiétant des commandes ; que le bâtiment a du travail pour trois mois mais que, passé cette période, l’avenir sera sombre si les carnets de commandes ne se remplissent pas avant janvier.

Côté métiers, on a des craintes pour la sous-traitance, car certaines productions diminuent et on redoute que ce soient les artisans sous-traitants qui en soient les victimes, les industriels cherchant en priorité à assurer le fonctionnement de leurs ateliers.

Le responsable : le crédit

« Si difficultés il y a, c’est surtout une question de trésorerie «  nous a-t-on dit, aussi bien du côté de l’administration que du côté patronal où l’on redoute même des retards dans les approvisionnements de chantier. Un certain nombre de petites entreprises, toujours à cause des resserrements de crédits, sont en difficultés ; des faillites sont même à craindre dans les mois à venir si la situation ne s’améliore pas. Les questions financières autres que le problème du crédit, ont aussi une incidence sur les volumes de travail car il y a des défections de clientèle en raison des prix.

« Une heure payée 10 F doit être facturée 29 F au client si on ne veut pas y être de notre poche – dit-on à la Fédération des syndicats patronaux – en raison des charges de plus en plus lourdes ».

« Nous avons perdu des chantiers car les gens n’ont pas d’argent ou c’est trop cher », ajoute-t-on pour illustrer ce ralentissement des commandes dans le bâtiment.

550 demandes de plus

Pour reprendre nos chiffres, voici ceux fournis par la Bourse du Travail pour septembre : 2.610 demandes non satisfaites, soit 550 de plus qu’en septembre 1973 avec une augmentation de 30 pour 100 pour les jeunes à la recherche d’un premier emploi.

« Mais ce n’est brillant dans aucune tranche d’âge », ajoute-t-on. Il est heureux que des retraites anticipées aient libéré des emplois, sans quoi la situation serait encore plus inquiétante.

Par contre, et en dépit de ce que nous écrivions plus haut, il y a toujours une pénurie de main-d’œuvre qualifiée dans le bâtiment qui recherche des plâtriers qui manquent, entre autres.

En bref, les syndicats patronaux ne redoutent pas le chômage avant le début de l’année prochaine, ce qui ne laisse pas d’être inquiétant.

Des horaires réduits

Mais il n’est pas exclu, et nous en avons cité un exemple ces jours-ci, que, dans certaines entreprises, on n’en vienne aux réductions d’horaires, soit à cause d’une diminution des commandes, soit à cause des difficultés d’approvisionnement.

Par contre, certaines usines embauchent, dans les pneumatiques en particulier.

En conclusion, la situation est sérieuse sans être alarmante.

Les mois à venir doivent cependant être abordés avec réserve, surtout si les restrictions de crédits ne sont pas assouplies.