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0858616/10/1974POITIERS

POUR SAUVER OUDIN : TROUVER DES CAPITAUX

Tel est le résultat de la première analyse des syndics
L’avenir de 400 personnes est compromis

Journée importante hier dans l’évolution de l’affaire Oudin avec une première étude du dossier par les syndics, Me Wagner et Me Bérault, qui doivent recevoir ce matin une délégation du personnel. Cette même délégation, par contre, a été entendue longuement par M. Lucien Vochel, préfet de région.

A la lumière des premiers documents qui ont été étudiés, il n’est pas encore possible de faire une estimation très nette de la situation de l’entreprise et du sort de ses 230 employés. A ce chiffre, il faut ajouter les sous-traitants, ce qui porte le nombre de personnes menacées dans leur emploi à environ quatre cents.

Durant toute la journée de nombreux contacts ont été pris soit par les délégués du personnel, soit par les partis de gauche lesquels ont été reçus également par M. Vochel.

A première vue, le passif atteindrait plusieurs millions de francs. Même s’il s’avérait que l’entreprise est « viable », une restructuration complète demanderait plusieurs semaines et entraînerait dans un premier temps le licenciement de l’ensemble du personnel et le réemploi de 50 % de l’effectif actuel.

Les syndicats ouvriers se montraient très fermes hier soir.

L’un des délégués nous a déclaré : « Nous exigerons le plein emploi, car il y a du travail, nous demandons qu’aucun salaire ne soit inférieur à 1.500 F ». Et d’ajouter : « Nous avons été calmes aujourd’hui, demain nous passerons à l’action ».

Une étudie sérieuse du passif et de l’actif

Quel sera le sort de l’entreprise ? Il était encore impossible de répondre à cette question hier soir et rien ne pourra être définitif avant une analyse complète du passif et de l’actif. Me Wagner nous a indiqué que le conseil d’administration ayant décidé de ne pas poursuivre l’exploitation, on va s’efforcer de rechercher les moyens de créer une société d’exploitation qui, dans un premier temps, sera chargée de trouver des capitaux permettant de faire redémarrer l’affaire. « La Société BRAULT et FAUCHEUX semble décidé à apporter son concours le plus large en ce sens pour trouver ces capitaux » nous a dit Me Wagner en ajoutant que ce matin il se propose de recevoir les délégués afin de réunir au plus vite les éléments qui permettront au personnel de bénéficier des avantages sociaux, dont l’ASSEDIC.

Quant à M. Vochel, il a de son côté apporté aux employés l’assurance que les pouvoirs publics mettraient tout en œuvre pour sauver leur situation mais qu’il convenait, dans un premier temps, de mieux connaître le dossier.

Le personnel se réunit ce matin

En fin de soirée, les employés, faisant le point de la journée exprimaient leur très vive inquiétude. « Ce que nous voulons s’est sauver notre outil de travail. Nous continuons d’occuper l’usine que nous voulons défendre », nous ont-ils déclaré avant de faire l’analyse de la situation et de la gestion récente de l’entreprise.

Ce n’est hélas pas encore aujourd’hui qu’ils seront fixés sur leur sort.

Appel à la solidarité des poitevins

Dans un communiqué, le Comité d’occupation de l’usine, faisant le point des évènements déclare notamment :

« Mardi, il y eut au Tribunal de Commerce, une réunion du Conseil d’administration. Il était prévu pour l’après-midi, une entrevue entre le syndic et la direction de l'entreprise, qui devait être suivie d’un entretien entre les délégués du personnel et le syndic ».

« Celui-ci a décidé que la cantine ne fonctionnerait pas et qu’il n’était toujours pas question de reprendre le travail. Face à cette situation, le combat continue tout en accordant une place majeure à la sécurité de l’entreprise et en demandant la solidarité de la population qui pourra aider les travailleurs en répondant à l’appel de collectes organisées pour les familles de ceux-ci sans revenu.

Nous savons que la lutte sera longue et difficile mais le personnel est décidé à tenir jusqu’au bout.

Toutefois, il n’a jamais été question d’empêcher le bon fonctionnement de l’entreprise c’est-à-dire que tous les livreurs ainsi que tous les clients quels qu’ils soient peuvent apporter ou retirer leurs commandes ».

L’action des partis de gauche

Les Partis de gauche (Parti socialiste, PCF, PSU) communiquent :

« A propos de la situation de l’emploi, une délégation des Partis de gauche a été reçue hier par M. le préfet. Elle était composée notamment de M. Jacques Santrot (PS) Paul Fromonteil (PCF) et Guy Soulat (PSU).

La première partie de l’entretien a porté sur la liquidation de l’entreprise Oudin ; la délégation a souligné la gravité des menaces pour l’emploi pesant sur les 230 salariés de chez Oudin mais également sur les salariés des 7 entreprises sous-traitantes de Poitiers et du département. Cette situation concerne au minimum 400 personnes.

L’entretien permet de confirmer que l’entreprise Oudin est viable ; le carnet de commande est rempli pour plusieurs mois.

La délégation estime que dans ces conditions les travailleurs ne doivent pas faire les frais d’une opération de restructuration qui se traduirait par le licenciement d’une partie du personnel.

Les fédérations de la Vienne du PCF, du PS, du PSU assurent donc les travailleurs de chez Oudin de leur soutien ; elles appellent tous les salariés et la population à exprimer leur solidarité : « défendre les travailleurs de chez Oudin, c’est défendre l’emploi pour tous les travailleurs de la Vienne ».

La seconde partie de l’entretien a porté sur la situation générale dans le département.

Un bilan a été établi : ce bilan prouve l’ampleur des atteintes à l’économie régionale.

La délégation a évoqué les réductions d’horaires, les licenciements, les difficultés de crédits, les accumulations de stocks, qui existent dans de nombreuses entreprises.

Les Partis de gauche estiment que cette situation résulte de choix politiques qui menacent des secteurs entiers de l’économie et particulièrement les petites et moyennes entreprises formant le tissu industriel de notre région.

La réduction de la consommation populaire, la restriction des budgets, des équipements collectifs et sociaux pour 1975, l’encadrement du crédit - bref, la politique d’austérité développée par le gouvernement - ne feront qu’aggraver les conditions de vie et de travail de la population et pèseront sur le niveau de l’emploi.

La délégation a estimé que des mesures d'urgence nationales et locales s’imposent pour faire face aux difficultés actuelles ».

 

 

le 12/02/2023 à 17:46

Source : Centre Presse

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