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0861124/10/1974POITIERS

L'USINE OUDIN TOUJOURS PARALYSÉE ALORS QUE LES COMMANDES ARRIVENT

M. Vochel : des chances raisonnables de reprise existent – il ne faut pas les compromettre définitivement

Officiellement, la situation concernant l’entreprise Oudin n’a pas évolué hier. Les ouvriers ont reconduit, par 127 voix sur 136 votants, l’occupation de l’usine. Depuis lundi dernier, aucun contact n’a eu lieu entre les représentants des pouvoirs publics, de la direction et des syndics d’une part et les délégués du personnel d’autre part.

Cependant hier matin, une délégation s’est rendue à la préfecture pour demander à être reçue par le préfet. Celui-ci étant absent, l’entrevue a été reportée à ce matin.

Pendant ce temps à l’usine, une vingtaine d’ouvriers s’emploient à réaliser l’inventaire qui doit, selon les syndics, permettre en toute connaissance de cause une meilleure évaluation de la valeur de l’entreprise.

Du travail pendant 8 mois

Les commandes venant des pays étrangers continuent également à arriver sur les télex. La CGT indique que les 1.300 engins commandés assureraient du travail à toute l’entreprise, à temps plein et à effectif complet, pendant huit mois.

Ces commandes proviennent essentiellement d’Algérie (environ 800) et de l’Irak (150) ; le reste intéressant principalement le marché français.

Une lettre du Préfet au PCF

Le Parti communiste avait demandé dans une lettre au Préfet de région, la nomination d’un administrateur provisoire.

Les délégués CGT ont fait leur cette demande.

A ce sujet, M. Lucien Vochel, Préfet de région nous communique la réponse qu’il vient de faire à la lettre ouverte du secrétaire fédéral du Parti communiste, M. Paul Fromonteil.

Le préfet déclare notamment : « Sur le plan juridique, seul le tribunal de commerce peut désigner un administrateur provisoire ( ... ). Cependant chargés du règlement judiciaire, les syndics ont des pouvoirs et des responsabilités de gestion qui les placent dans une situation peu différente de celle d’un administrateur provisoire ».

Une société de gérance

Le préfet poursuit : « Après l’analyse des comptes, les syndics ont estimé qu'il était impossible de maintenir l’entreprise en activité pendant la période de règlement judiciaire. Les données financières, qui m’ont été communiquées me donnent à penser que les responsables syndicaux devraient expliquer à l’ensemble des salariés que l’activité ne pourra reprendre chez Oudin qu’avec un apport de capitaux nouveaux sous la forme d’une société de gérance ».

L’action du Préfet

Plus loin, M. Lucien Vochel précise : « Dans cette affaire, ma démarche est la suivante :
- limiter au maximum les inconvénients immédiats du dépôt de bilan. Pour l’instant, j’y suis parvenu, puisque les salariés ne subiront aucune perte de salaire dans les prochaines semaines ;
- mettre à profit ces quelques semaines pour tenter de trouver des industriels nouveaux qui reprendront tout ou partie des activités Oudin ;
- si nécessaire, favoriser la constitution sur place de nouvelles activités, pour garantir le ré-embauchage dans les mêmes locaux de l’effectif maximum ;
- si des ouvriers n’étaient pas réembauchés - car, dans la situation incertaine où nous sommes, la garantie ne peut être donnée à tout le personnel - faire de nouvelles propositions à ces ouvriers.

Des propositions constructives

Après le refus du Comité d’intervention par les employés, M. Vochel déclare : « Je regrette vivement que pour des « raisons de principe » cette proposition ait été rejetée.

Et il conclut :

« Lorsqu’il s’agit de l’avenir de 230 familles, ce n’est pas avec les positions de principe que l’on règle le problème mais avec des positions constructives.

« Celles-ci consisteraient à :
« - faire établir sans délai les formulaires ASSEDIC pour le paiement rapide des salaires du personnel, qui seront établis sur la base de 43 h. et non de 32 h. ;
« - participer activement à l’inventaire complet, car les négociations en cours avec des entreprises ne pourront s’engager sur des bases concrètes, qu’au moment où la situation financière exacte sera établie ;
« - ne pas compromettre les contrats en cours en refusant les livraisons ;
« - terminer les commandes en finition ;
« - participer au Comité de surveillance.

« Si les salariés des Ets Oudin sont mis en position de bien percevoir où est leur véritable intérêt, c’est l’attitude qu’ils adopteront. Car, en dépit des efforts multiples qui sont déployés pour trouver une solution, je ne peux donner aucune garantie pour l’avenir, si chacun ne fait pas tout ce qu'il faut en ce sens.

« Des chances raisonnables de remettre en marche, au moins pour partie, l’outil de travail existent ; il ne faut pas les compromettre définitivement ».

Une démarche au CNPF

Outre la démarche qu’ils doivent faire ce matin à la préfecture, les délégués CGT de chez Oudin envisagent l’envoi d’une délégation à Paris, au siège du CNPF, et une participation importante à la manifestation sur l’emploi de vendredi. (...).

La solidarité s'organise

La solidarité avec les travailleurs de l’entreprise s’organise. Aujourd’hui, des collectes doivent être faites dans le Châtelleraudais par le syndicat local de la Métallurgie.

De nombreux communiqués de soutien nous parviennent également. Ainsi ceux du Groupe socialiste d’entreprise et du Parti socialiste qui chiffrent à 4 milliards d’anciens francs la valeur du carnet de commandes de Oudin ; celui de la Fédération de la Vienne du P.S.U. qui soutient « sans réserve l'action des travailleurs » et pour qui « Oudin est un verrou ; si Oudin craque, c’est la porte ouverte aux licenciements, au chômage, par la restructuration actuelle du capitalisme » ; celui du SNI qui « dénonce la politique délibérément poursuivie par le pouvoir » et « qui exige que des mesures immédiates soient prises permettant chez Oudin et aussi ailleurs, le maintien du plein emploi » et enfin du Comité de défense de l’emploi qui s’est récemment créé. Ce comité lance un appel « pour que des mesures immédiates soient prises permettant le plein emploi ». Les signatures pour s’y associer sont à adresser au « Comité de défense de l’emploi, Bourse du Travail, Maison du Peuple, 21 bis rue Arsène-Orillard, Poitiers 86000.

Il rappelle enfin que les dons sont à verser à M. Jean-Pierre Desport, Crédit Agricole (Jaunay-Clan), compte n° 01 22 3550.

 

 

le 19/02/2023 à 14:17

Source : Centre Presse

fermeture, occupation, pouvoirs publics

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