0867612/11/1974POITIERS
La foule était au rendez-vous dimanche pour l’opération « Portes ouvertes » à l’usine Oudin.
Des délégations de postiers en grève et de cheminots, de syndicalistes de l’enseignement, M. Loureau, le sociologue, des leaders et militants des formations de gauche.
Mais aussi des familles endimanchées, avec parfois une progéniture bruyante qui lorgnait davantage vers les stands que vers le matériel exposé.
Le soleil était de la partie. En bref, une atmosphère de kermesse, mais de kermesse un peu triste. Les flon-flon de la sonorisation, la buvette et le jeu de massacre n’ont pas fait oublier aux visiteurs – dont le chiffre total a avoisiné le millier – que deux cent trente salariés sont en danger de perdre leur emploi dans cette entreprise qui a déposé son bilan.
Les allocutions des syndicalistes ont rappelé cette réalité à l’heure du meeting.
“Les matelots seuls à bord”
Les différents modèles d’élévateurs produits par l’usine étaient présentés à l’entrée. Aux portes des bâtiments un inventaire de publications de la CGT. A l’intérieur, des machines muettes et des stocks de pièces soigneusement rangées. Des ouvriers arborant un brassard guidaient les visiteurs, expliquant comment fonctionnait l’usine.
C’est vers 16 heures que s’est tenu le meeting syndical. Dans son intervention, M. Pichard, porte-parole de la section CGT de l’entreprise, a analysé la naissance et le développement du conflit.
« L’usine est en état de fonctionner, le carnet de commandes est rempli pour huit mois de travail pour 230 ouvriers (…). Mais il y a eu les fausses manœuvres qui ont fait couler le navire et le commandant s’est tiré le premier, les matelots restent seuls à bord », a-t-il affirmé.
Pour que l’entreprise tourne
Leader départemental de la CGT, M. Laumont a succédé au micro à M. Pichard.
En posant d’entrée cette question : « Cette entreprise qui est sur la zone industrielle, qui l’a payée ? ».
Et de répondre que les fonds publics ont beaucoup contribué à cette implantation. Il a ajouté que certaines machines « déménagées » de l’usine seraient utilisées dans une autre firme…
Pour lui la situation de l’usine Oudin résulte de « la volonté du patronat de faire disparaître les petites et moyennes entreprises au profit des sociétés multinationales ».
Il a ajouté : « Si cette entreprise disparaît, d’autres suivront ».
Il s’est enfin prononcé « pour une société où la classe ouvrière aura le rôle qu’elle doit jouer ». Et, pour le cas précis de l’usine Oudin, il a demandé : « la nomination d’un administrateur de la Société et le déblocage de crédits pour que l’entreprise tourne ».
Photo : Par petits groupes, les visiteurs ont découvert l’usine guidés par les ouvriers
le 21/02/2023 à 09:43
Source : Centre Presse
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