« Retour

0894826/07/1975POITIERS

131 OUVRIERS (DONT 85 IMMIGRÉS) ONT FAIT GRÈVE A LA GARE DE POITIERS

Pour obtenir de meilleures conditions de logement sur les chantiers

Depuis jeudi 131 ouvriers étaient en grève. Ceux des entreprises parisiennes TSO et Drouard chargés de poser 13 km de rails sur la voie de chemin de fer en rénovation entre Poitiers et Vivonne. Sur ces 131 travailleurs, on dénombre 85 immigrés. Et c’est essentiellement le problème du logement qui est à la base de ce conflit social. Les 131 ouvriers sont logés dans 19 wagons désaffectés. Nous n’avons ni douche, ni vestiaires, déplorent-ils. En fait, si ce conflit social vient d’éclater à Poitiers, il n’est aucunement local. Les grévistes qui effectuent des chantiers itinérants, ont déjà revendiqué de meilleures conditions d’hébergement, que ce soit à Narbonne ou Angoulême. Mais actuellement, alors qu’ils se trouvent à Poitiers, leur mouvement revendicatif s’est durci.

Dix heures par jour

Les délégués du personnel et syndicaux, qui ont guidé notre visite des « wagons-dortoirs », présentaient, hier après-midi la situation en ces termes :

Nous sommes 131 travailleurs sur ce chantier. Il y a parmi nous des ouvriers d’Afrique du nord et du Portugal, mais aussi des Français. Nous sommes tous syndiqués à la CGT et nous sommes tous en grève. Le 27 novembre 74, alors que nous étions à Narbonne, la direction a promis de revoir nos conditions d’hébergement. Mais rien n’a été fait. Nous travaillons chaque jour de 7 h. 30 à 17 h., avec une seule coupure d’une demi-heure. Et étant donné que nous sommes logés dans des wagons, on diminue nos frais de déplacement. Hier jeudi, nous avons eu une entrevue avec la direction. Ce vendredi nous avons rencontré l’Inspecteur du Travail, le secrétaire départemental de la CGT, nos délégués et des représentants de la direction.

Fin de la grève

Deux lits, une armoire métallique, un poêle à mazout et un réchaud de campagne, constituent le mobilier d’un compartiment où demeure deux personnes.

Dans d’autres compartiments, il y a des lits superposés. Dans ces derniers, prévus pour le logement de trois à quatre hommes, faute d’espace, on a supprimé l’armoire. Les vêtements sont suspendus à une forte ficelle tendue d’un bout à l’autre du compartiment. Les matelas sont souvent usagés. En moyenne on loge huit ouvriers par wagon. Dans un wagon, un seul point d’eau. Les toilettes sont à l’extérieur, une petite baraque en tôles ondulées. Est-ce parce que nous sommes des immigrés que nous sommes logés dans de telles conditions ? Le chef de chantier dispose, lui, d’un wagon personnel, bien mieux aménagé que le nôtre, ajoutent les grévistes. Et d’ajouter à leur revendication majeure, celle du logement, les conditions de travail et le salaire. On apprenait, en fin de soirée, qu’un protocole d’accord avait été signé lors de la réunion de 15 h. Les ouvriers ont obtenu diverses améliorations. En particulier le droit à 3 mois de congés annuels (payés pour leur partie légale). Le travail reprend donc ce matin.

Y.M.

Photo : Lits superposés dans des compartiments exigus : c’est cette situation qu’on dénoncée les immigrés

 

 

le 13/03/2023 à 14:39

Source : Centre Presse

travaux publics, chemin de fer, grève, immigrés, logement

« Retour

Espace Militants v0.3 - UD CGT 86 - http://cgt-ud86.org

Site UD 86 - Espace militants - Espace formation