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0899810/10/1975CHATELLERAULT

ONZE CADRES SÉQUESTRÉS DEPUIS HIER MATIN (A10 H.) PAR LE PERSONNEL EN GRÈVE A L’USINE BLÉREAU DE CENON

Depuis hier, à 10 h. du matin, onze cadres de l’usine Bléreau de Cenon-sur-Vienne sont séquestrés dans une salle de réunion par le personnel de l’entreprise en grève. La nuit dernière, la situation n’avait pas évolué. Les grévistes poursuivaient leur garde attentive, ayant ravitaillé en pain et en eau leurs prisonniers. Un discret service d’ordre de gendarmerie veillant à prévenir tout incident. Les grévistes déclaraient que l’état de siège se poursuivrait tant qu’ils n’auraient pas eu satisfaction à leurs revendications.

Le 2 octobre dernier s’est tenue à Versailles, entre les délégués des syndicats CGT et CFDT et M. Gréau, PDG des établissements Fenwick, une réunion au cours de laquelle les ouvriers présentaient au chef d’entreprise leurs revendications. Ces dernières portaient sur les points suivants :
- 150 F d’augmentation pour l’ensemble du personnel à compter du 1er octobre 1975 ;
- parité des salaires avec les autres usines du groupe Fenwick (Saint-Ouen) ;
- compensation totale du chômage partiel (juillet, août, septembre, octobre…) ;
- compensation des 40 heures depuis le 1er décembre 1974.

Aucune réponse n’ayant été fournie, sauf qu’il était indiqué qu’aucun licenciement n’aurait lieu avant le 31 décembre 1975, hier matin les délégués syndicaux de l’entreprise présentaient à nouveau les revendications à la direction de Cenon qui déclaré « ne posséder aucun droit de décision ».

Un débrayage

Mis au courant, un atelier débrayait hier matin à 10 h et dans les instants qui allaient suivre, 300 employés sur les 380 qu’occupe cette usine, spécialisée dans la fabrication d’engins de manutention, se mettaient en grève.

Les grévistes se dirigèrent alors vers la salle de réunion, où onze cadres de la société, dont six de Versailles, le directeur commercial et son adjoint de Cenon, étaient en commission de travail pour préparer le Salon de la manutention.

Les grévistes interdisaient alors la sortie aux onze personnes, les séquestrant. Cette situation devait se prolonger tout au long de la journée, les manifestants ravitaillant dans les conditions que l’on sait leurs « prisonniers ».

Les délégués CGC ont fait part de leur décision de mener une action afin que leurs onze collègues ne soient pas traités de la sorte et relâchés car, ont-ils déclaré : « Ils n’ont rien à voir dans ce conflit et ne peuvent rien faire avec et pour les ouvriers ».

En fin de soirée, un protocole d’accord présenté par le chef du personnel était refusé par les grévistes.

Dans la soirée, le siège continuait à l’usine Bléreau où l’on attendait M. Bléreau.

Des sandwichs et des pommes avaient été donnés aux séquestrés.

Le personnel en grève a reçu la visite de Mme Édith Cresson, candidate du Parti socialiste, et de M. Marc Verdon, suppléant, accompagnés par Maurice Blanc, député socialiste de la Savoie.

M. Maurice Blanc a exprimé son intention de déposer une question écrite attirant l’attention du gouvernement sur la situation dramatique de l’usine Bléreau.

Dernière minute

A 1 h. 30 ce matin, les forces de police et de gendarmerie ont encerclé l’usine Bléreau.

Photo : Les grévistes de l’usine Bléreau

 

 

le 18/03/2023 à 09:42

Source : Centre Presse

grève, occupation, séquestration, politique, police

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