0921023/03/1976MONTMORILLON
La SAPEM, c’est fini. Cette société d’applications électriques installée sur la zone industrielle de la route de La Trimouille à Montmorillon, dirigée par M. Antoine Lainé, PDG, a vécu, et 52 employés, couples et célibataires (hommes et femmes) sont depuis lundi midi en chômage technique pour causes économiques, une formule qui leur permet, dans la difficile conjoncture économique actuelle, de sauvegarder leurs droits.
En effet, à partir de lundi à 11 h, les événements se sont précipités. A 11 h moins quelques minutes, Mme Barrau Le Foll, syndic de faillite près du tribunal de Versailles, arrivait à l’usine de la route de La Trimouille, où elle retrouvait M. Lainé fils, M. J. Bidaux, maire adjoint de Montmorillon, M. J. Pinaud, rédacteur à l’Hôtel de Ville, deux clients de l’usine, peut-être éventuellement intéressés par une reprise, mais surtout avides de connaître la suite donnée à leurs commandes, et les représentants du Comité d’entreprise, délégués du personnel et syndicat.
Une demi-heure après, Mme Barrau Le Foll s’adressait à l’ensemble du personnel. Les données étaient claires :
- tout le personnel est licencié à la date du 24 mars ;
- tout le dû sera réglé : préavis, salaires, congés payés, indemnités de licenciement ;
- une possibilité est offerte : celle de travailler durant une quinzaine de jours (moyennant une prime supplémentaire) afin de terminer les commandes en cours.
Mme Barrau Le Foll insistait sur le fait que cette acceptation des ouvriers devrait permettre dans l’immédiat une récupération importante de fonds et la reprise plus rapide de l’usine par d’éventuels acquéreurs intéressés.
Le personnel se réunissait sur le champ afin de voter « pour » ou « contre » cette proposition.
La majorité devait se prononcer « contre ». Cette proposition, selon les employés, favoriserait certes les clients mais n’apporterait rien aux ouvriers.
Devant cette décision des employés, M. Lainé fils décidait de fermer l’usine à midi, tout en s’engageant à payer les deux journées perdues de lundi et de mardi.
En l’état actuel des choses, il semble que dans les 8 heures deux importants clients de l’usine soient décidés à reprendre les pièces en partie usinées et les faire transporter dans une autre usine spécialisée afin de pouvoir, de leur côté, respecter leurs engagements vis-à-vis de leur clientèle.
Depuis 1970
Construite par l’entreprise Nicoud au compte de la municipalité montmorillonnaise, qui bénéficiait de l’aide départementale à l’industrialisation, sous forme d’une subvention de 75 % des travaux, cet ensemble neuf a été rétrocédé en décembre 1970 à M. Lainé, PDG de la SAPEM (Société Appareillage Electrique de Saint-Mars), dont le Siège social est à Auffargis (Yvelines).
Cette société a payé, à la prise des locaux, les 25 % à charge de la municipalité et la TVA ; le reliquat de 75 % devant être réglé par la SAPEM à raison de treize annuités avec différé, dont deux ont été normalement réglées au 31 décembre 1975.
Il apparaît donc que si la municipalité n’a aucun risque engagé dans la récupération du capital investi, le grave problème reste le reclassement des 52 employés licenciés.
Un espoir
Hier après-midi, le personnel de la SAPEM se réunissait dans une salle de l’Hôtel de Ville, en présence du représentant de l’Union départementale CGT, afin d’envisager la situation.
Il ressortait de ce contact que l’ensemble des travailleurs « ne pouvait être d’accord avec les discussions et l’orientation prises au cours de la matinée, qui vont à l’encontre de l’intérêt des travailleurs, qui sont décidés à ce que leur entreprise continue à fonctionner le plus rapidement possible ».
Peu avant 18 h. les délégués de l'usine et le représentant de la CGT étaient reçus par M. Jean-Marie Bouloux, sénateur-maire. Ce dernier ne pouvait que confirmer les paroles du sous-préfet de Montmorillon, à savoir qu’un acheteur important de la région de Limoges était sur les rangs et que si cette reprise se réalisait on s’orienterait vers une extension du personnel qui pourrait aller jusqu’à 150 emplois.
Assemblée générale ce matin
Pour les travailleurs et le syndicat, « ce ne sont là que des paroles, des possibilités, certes, mais qui peuvent se réaliser à plus ou moins longue échéance ; or, ce qui importe dans une telle situation, c’est d’aller très vite ».
Aussi les travailleurs sont-ils décidés à poursuivre l’action en informant les Montmorillonnais de la situation, en intervenant auprès des Pouvoirs publics, sous-préfet, préfet de région, parlementaires : « Nous irons jusqu’au bout pour retrouver du travail. On crée des chômeurs supplémentaires dans une région qui n’en a pourtant pas besoin ».
Contestant la validité des décisions trop hâtives prises hier matin, tous les travailleurs de la SAPEM se réuniront ce matin en assemblée générale, à 9 h. 30 à l’usine, afin de définir les moyens de « poursuivre leur action, d’éviter le démantèlement de leur outil de travail, et d’activer la recherche d’un éventuel acquéreur pour le redémarrage rapide de l’usine ».
le 02/04/2023 à 15:56
Source : Centre Presse
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