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0092420/03/1915POITIERS

A PROPOS DE LA TAXE DU PAIN

La lettre suivante a été adressée à MM. les sénateurs et députés de la Vienne :

Monsieur le Sénateur,
Monsieur le Député,

L’émotion du public au sujet de l’augmentation du prix du pain au 1er février ne s’est point calmée et l’effort de sacrifice que la boulangerie a consenti dans la réduction de 0 fr. 10 sur les pains de 4 kilos ne saurait atténuer que bien peu le budget du consommateur, vu les prix encore bien plus élevés de toutes les autres denrées alimentaires.

Aussi, si nous sommes impuissants contre cette surélévation extrême du prix du pain que pas un de nous, dans sa longue carrière, n’avait encore pratiquée sous le régime de la liberté, nous n’assistons point avec indifférence à ce mouvement de hausse exagérée ; et je vous eus présenté une requête bien plus tôt, si je n’avais été rassurée moi-même par un de nos parlementaires auquel le Ministre compétent avait fait espérer prochainement le retour de prix plus modérés.

A quoi sert en effet ce régime de la taxe officielle rétablie à peu près partout sur le prix du pain, lequel est un dérivé de la farine et du blé, sans que d’abord on taxe celui-là et qu’on le réquisitionne même au besoin chez les producteurs.

Et quelle anomalie que, parmi ces derniers, se sont toujours aux riches qu’échoit la meilleure part puis qu’ils ont vendu jusqu’à 27 fr. et vendent encore aujourd’hui 26 fr. ce même hectolitre de blé dont les miséreux n’ont tiré que 20 fr. à 20 fr. 50 sa récolte.

Je vous prierais donc d’envisager si la loi du 19-22 juillet 1791 sur la taxe du pain ne pourrait pas être complétée utilement en décrétant aussi la taxe du blé ou, si du moins, étendant les mesures appliquées au camp retranché de Paris, la Meunerie de province ne devrait pas être alimentée aussi par l’autorité militaire, à raison de 30 fr. le quintal par exemple, afin qu’elle puisse, comme d’ailleurs elle doit le désirer, recommencer à nous fournir, suivant l’usage, les farines à 2 ou 3 fr. au-dessous du cours de Paris, au lieu de nous les vendre 4 à 5 fr. plus cher.

Nous serions si heureux de pouvoir baisser le prix du pain que je vous prie d’excuser mon insistance aux fins d’examiner ma requête et d’y donner suite.

.../…

Meunier
Président du syndicat de la boulangerie de Poitiers, vice-président du syndicat général de la boulangerie Française.

 

le 04/05/2020 à 15:44

Source : L'Avenir de la Vienne

patrons, patrons, prix du pain

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