0941425/10/1976POITIERS
Pour donner une idée de l’importance de la manifestation pour le droit au travail qui s’est déroulée samedi à Poitiers, à l’échelon de la région Poitiers-Charentes on peut dire, par exemple, que le début du cortège arrivait place Leclerc alors que les derniers participants quittaient seulement le Parc de Blossac. C’est dire que plusieurs milliers de travailleurs avaient répondu à l’appel des syndicats.
Ce cortège au-dessus duquel couraient des dizaines de banderoles a parcouru les rues de la ville pendant une heure avant de s’immobiliser place Leclerc où, sous une pluie fine, trois orateurs ont pris la parole. Il s’agit de : MM. Jacques Chanut, secrétaire de l’Union régionale CFDT, Michel Veylit, de la FEN et Jean-Pierre Jallais, secrétaire de la CGT.
Le premier orateur, sur le « thème du droit au travail pour les jeunes », évoqua la journée du 7 octobre et l’unité syndicale qu’elle avait manifestée et dénonça « la situation d’ensemble, conséquence de la politique menée par le patronat et le gouvernement ». Il cita des chiffres, 27.000 demandeurs d’emploi, dont 14.000 jeunes dans la région, 25.000 personnes qui ont quitté la région et brossa des perspectives d’avenir assez sombre en se basant sur les estimations officielles « qui visent à entretenir un volant de 10.000 chômeurs ». Il dénonça la politique d’investissement qui n’a d’autre but que de favoriser l’expansion des entreprises au détriment des travailleurs, ainsi que la politique scolaire qui tend à former des jeunes qui ne pourront jamais dépasser le stade des « O.S. » et que les patrons pourront sous-payer ».
Il en venait alors au programme d’action et longuement le secrétaire de la CFDT analysa les diverses formes de lutte ouvrière à la faveur d’exemples, comme chez BRM, dans les Deux-Sèvres, à l’hôpital de Niort, à La Rochelle et en Charente.
« Il est possible de se battre et de gagner », dit M. Chanut, avant de conclure : « C’est en développant la lutte unitaire et en renforçant l’union des luttes populaires que la CFDT veut mener le combat des travailleurs ».
Créer des postes d’enseignants
M. Veylit, pour la FEN, s’est ensuite attaché à démontrer que l’enseignement actuel est au service du patronat et qu’il faudrait créer des centaines de postes dans les divers enseignements, de la maternelle à l’éducation physique, pour satisfaire les besoins. Au lieu de cela dit M. Veylit « on surcharge les classes, on forme des chômeurs. La répugnance des jeunes, en face du travail manuel, il faut en chercher la cause dans la politique économique et sociale du pouvoir ». Il dénonça le VIIe plan « en recul sur le 6e » et 20 années de politique patronale « qui tendent à fournir 30 % de jeunes sans qualification et que l’on pourra faire travailler sans les payer ».
Après avoir dit que la crise de l’emploi ne sera pas résolue avec le plan Barre, il invita collégiens et lycéens à renforcer les structures qu’ils se sont donnés pour accéder à leurs droits légitimes « la liberté d’expression et l’emploi ».
Rejeter la crise du capitalisme
M. Jean-Pierre Jallais pour la CGT en débutant son intervention, évoqua les difficultés actuelles de deux entreprises, Pouteau et l’ECIO, pour appuyer ses arguments sur le droit du travail pour tous. « La jeunesse n’acceptera pas de supporter la crise du capitalisme et d’en faire les frais, dit-il et elle rejettera ce capitalisme car le droit au travail c’est la plus élémentaire condition de la liberté ». Il s’attarda sur l’analyse de la politique du pouvoir qui a été incapable, selon lui, de maintenir le niveau de vie des travailleurs et du même coup, de la nation, rappelant à son tour la journée du 7 octobre qui fut « un temps fort de la lutte » avant de demander pour tous le refus des licenciements, la semaine de 40 heures et bientôt celle de 35 heures sans diminution de salaires, la retraite à 55 et 60 ans, ainsi que le minimum de 2.000 francs mensuels pour 173 heures. Il conclut en invitant les jeunes à être vigilants.
Dans le cortège on remarquait de nombreux délégués venus des quatre départements et notamment les élus du PCF entourant M. Paul Fromonteil, membre du Comité central, attaché au secrétariat de M. Marchais.
le 23/04/2023 à 17:49
Source : Centre Presse
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