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A l’image de la France politique, la place Leclerc était hier coupée en deux. A droite, des Poitevins bien calmes, venus tout simplement voir le Premier ministre se rendre à la mairie. A gauche - cela va de soi - quelques centaines de syndicalistes, de militants politiques de gauche, l’opposition, avec pancartes et banderoles revendicatives pour appuyer leurs cris et leurs chants.

17 h. 30, sous un soleil de plomb, par petits groupes, répondant ainsi à l’appel de leur syndicat, CGT, CFDT, FEN, MODEF, ou de leur parti, PC, PS, les manifestants arrivent place Leclerc, une place vidée de ses terrasses de café, et entourée de barrières de protection, devant lesquelles des CRS stationnent.

Pendant près de 2 heures, la sueur au front pour ceux qui n’auraient pu trouver une place à l’ombre, les manifestants attendent M. Barre. Pour passer le temps, les uns lancent des slogans du genre : « Union, action, Programme commun », « Non au chômage », « Non à l’inflation », « Non au Plan Barre ». « Non aux licenciements », les autres chantent « L’Internationale », le « Drapeau rouge », ou encore inventent des refrains sur l’air des lampions ou sur la musique de chansons bien connues (on a même entendu un air de Mireille Mathieu).

19 h. 30, le cortège officiel arrive par la rue Magenta. En face, derrière les barrières, les manifestants, qui sont peut-être 8 ou 900, redoublent leurs cris et leurs chants, au rythme d’une grosse caisse actionnée par un syndicaliste CGT. Les sifflets fusent aussi mais le Premier ministre qui descend de voiture, demeure imperturbable.

Pendant la réception à l’hôtel de ville, la manifestation « s’effiloche ». Mais les plus patients ou les moins pressés sont encore là, lorsque M. Barre redescend de la mairie, près d’une heure après son entrée. Et chacun de retrouver son souffle.

Le cortège officiel s’éloigne, les derniers slogans surgissent de la foule. Une manifestation sans histoires se termine.

Photos : La manifestation