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0989026/05/1978POITIERS

ANTAGONISME PERSONNEL AU CŒUR D’UN CONFLIT SYNDICAL

Pour les personnes non averties on serait tenté de penser a priori que tous les syndicats, abstraction faite de l’étiquette, œuvrent suivant des actions différentes mais vers un but commun : celui de défendre la cause des travailleurs. Il est donc permis de s’étonner qu’au sein d’une même entreprise, à AEF Chasseneuil, lors d’un conflit difficile, deux membres du personnel appartenant certes à des syndicats différents, en soient arrivées à des faits qui les ont conduits devant la justice.

Claude Roynel, 28 ans, demeurant à lieu-dit Signy sur la commune de Vendeuvre était en effet poursuivi pour coups et blessures volontaires. Environ 80 de ces camarades étaient présents dans la salle pour le soutenir dans son épreuve. La victime, Bernard Dault, tourneur délégué de Force Ouvrière était assisté par Me Grasseau.

Le 24 février dans le local syndical de l’entreprise, vers 20 h. Dault, aurait été prié de se présenter pour parler des « 40 heures ». Cinq personnes auraient été là, dont Claude Roynel affilié à la CGT. Quelques mots auraient été échangés, puis Roynel aurait purement et simplement asséné deux coups de poing sur le visage de Dault qui eut le nez fracturé. Telle est la version de la victime. Celle de l’inculpé diffère totalement. Il nie les faits qui lui sont reprochés, invoquant qu’à ce moment-là il se trouvait à son poste de travail. Pour conforter sa déclaration, trois témoins seront entendus : M. Dos Santos, opérateur demeurant 35 rue de la Croix-Rouge : « Je travaille à quelques mètres de Roynel et ce soir là il était présent. Mais il a pu s’absenter quelques minutes sans que je m’en aperçoive ». Dominique Beaufreton, 25 ans, demeurant 30 rue de Vouneuil : « Ce soir du 24 février, Roynel est venu me demander une clé à douille ». Enfin Christian Mercier, 24 ans, demeurant 4 rue de Provence à Poitiers a lui aussi vu Roynel à sa place habituelle, mais a précisé qu’il avait pu s’absenter quelques minutes. Alors que s’est-il passé véritablement ? Pour Roynel sa victime a heurté une porte battante réputée dangereuse. Ainsi le reste des débats devaient tourner autour de cette porte, et on avait véritablement l’impression d’enfoncer des portes ouvertes. Se constituant partie civile Me Grasseau a parlé de « témoins de complaisance ».

M. le Bâtonnier Dumiot débuta sa plaidoirie par sa conclusion : « Je plaide le doute et la relaxe de mon client ». Dans des élans passionnés il indiqua aussi que le syndicat « CGT était le plus fort et j’ose le dire le plus vrai ». Parlant avec le cœur il termina en ces termes : « Je viens ici avec le témoignage d’ouvriers qui ont déposé sous la foi du serment. Bien sûr, il y a eu quelques réticences pendant l’enquête de gendarmerie, mais il existe une tradition dans le monde ouvrier qui incite à être prudent devant la police. On a connu 68 ».

Le tribunal a mis l’affaire en délibéré et le jugement sera rendu le 15 juin. En attendant, au sein de l’entreprise, il serait peut-être prudent de changer la fameuse porte qui fracture un nez en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire.

 

 

le 11/06/2023 à 19:59

Source : Centre Presse

justice, altercation

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