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Pas de services ou presque dans la plupart des administrations. Une grogne chiffrable en hausse mais pas de colère incontrôlée

Balladur, dur, dur ... Il l’avait annoncé cette cure d’amaigrissement dans les rangs de la Fonction publique - dès 1987 seront supprimés 19.000 postes - et voilà que son collègue Douffiagues, ministre des Transports, ose toucher au statut de cheminot. Trop, c’est trop : mardi 21 octobre 1986, les fonctionnaires descendent dans la rue un peu partout en France. Mais cette action d’une catégorie qui refuse, devant les coups de boutoir du libéralisme, d’être considérée comme des « privilégiés », n’est pas suffisante pour atteindre l’œcuménisme syndical... chacun reste dans sa chapelle pour défiler dans les rues de Poitiers.

Les plus matinaux sont les cégétistes (voir ci-après) ; la CFDT aime débattre à la Maison du Peuple ; la FEN gonflée par le flot des instituteurs, les plus motivés parmi les enseignants, mène une manif qui, malgré le crachin, fait le poids ; FO dépose de son côté des motions... Alors grève dure dans la Vienne ?

Le fameux « réalisme économique et social » des salariés constaté sous la gauche semble bien ancré dans les mentalités : on a manifesté et atteint des pourcentages de grévistes d’avant mal 81 mais le cœur n’y était pas vraiment. Habituelle locomotive, la SNCF allonge des chiffres honorables : 50 % chez les agents de gare et 77 % chez le personnel de conduite. Dans les bureaux de poste, 75 fonctionnaires sur 255 ont cessé le travail soit plus de 30 % tandis que dans la distribution on atteignait 50 % et 75 % dans les centres de tri. Chez les agents de l’EDF où règne la CGT, c’est presque le record, 75 %, que seuls les enseignants du primaire dépasseront avec un pourcentage de 80 % de grévistes contre 60 % dans les collèges et lycées. On attendait enfin les bus de la STP au tournant de cette journée d’action nationale. Cette Société de Transport où se déroule un conflit social larvé depuis plus d’un mois avait aligné cinquante bus sur soixante hier matin à l’heure de pointe. Quant au reste de la journée, la direction a dénombré 20 à 30 % de grévistes : c’est peu mais le combat à la STP continue. On attendra encore sous les abris-bus vendredi matin ...

M.B.